Nutrisco & Extinguo 1 avril
Dieppe, sous l’impulsion de Jean Ango (1480-1551), a joué un rôle majeur dans les explorations maritimes du XVIe siècle. Le port avait notamment développé l’artisanat de l’ivoire. Jean Ango armateur pratiquait le commerce régulier des épices en Afrique et en Inde, mais aussi, avec l’appui de Marguerite de Navarre, la sœur de François Ier dont il fut l’ami, la « guerre de course » contre les Espagnols et la piraterie contre les Portugais. En récompense de ses succès qui firent sa fortune, Ango sera nommé par François Ier gouverneur de Dieppe. Le port normand devient alors le plus important du royaume.
Désireux de montrer à François Ier une nef comme il n’avait jamais pu en contempler (celui-ci était semble t-il jaloux du « Henri Grace a Dieu » de son surnom le « Great Harry»), Jean Ango s’attela à la construction de La Grande Nef Françoise.
Jamais on n’avait vu de bateau aussi énorme que cette Grande Françoise qui fut construite au Havre entre 1520 et 1533, C’était une caraque qui pouvait embarquer 1.500 à 2.000 hommes. Très luxueuse, largement pourvue de sculptures et de décorations fastueuses. Sur le pont, entre les châteaux, avait été installé un jeu de paume. Le navire avait une chapelle en l’honneur de Saint-Françoist, et un moulin à vent pour moudre le blé dont la farine servait à cuire le pain frais quotidien. Une forge permettait de faire à bord les réparations mécaniques. Le grand mât, qui atteignait près de 70 mètres, avait (a-t-on dit) 2 m. 50 de diamètre à la base. Au devant de cette nef était peinte une image de saint François avec la figure d’une salamandre, emblème du roi : Nutrisco & Extinguo (« Je nourris le feu et je l’éteins »). On ne sait pas comment La Grande Françoise se serait comportée en mer, car les constructeurs avaient tout prévu, sauf que ce monstre serait trop gros pour sortir du port ! Bien qu’ils eussent attendu la grande marée d’équinoxe du 23 septembre 1533, ils ne purent faire franchir au bateau la passe où il s’était échoué On attacha a l’immuable navire des tonneaux vides pour l’alléger, ce fut en vain. La caraque fut ramenée en arrière. Le 14 novembre suivant, une tempête la renversa sur le côté. Elle resta longtemps chavirée avant d’être démolie. Et avec le bois récupéré on construisit un grand nombre de maisons du quartier des Barres.
Une connexion avec la Chouette :
Possible, même si cette nef encalminée concerne Le Havre, l’histoire de Dieppe est indissociable de Jean Ango. Il en est de même pour Camille Saint Saëns, en 1891 il crée un musée à Dieppe (ville natale de son père), auquel il fait don de ses manuscrits, de ses objets d’art et de sa collection de tableaux. Ce même musée qui abrite sans doute la plus belle collection d’ivoire d’Europe (belle transition vers Carignan, qui justement est la 500 prononcez Saint-Saëns). Retenez enfin la duchesse du Barry qui lance la mode des bains de mer (cure, mer, Mercure, non je déconne… pas tant que ca finalement : creusez encore la bio de la duchesse, elle fit un bien curieux séjour a Blaye, étrange affaire de cœur en vérité). J’oubliais : A Dieppe vous trouverez l’église St Jacques (où est inhumé Ango d’ailleurs et qui abrite une chapelle en son nom). L’origine du nom de l’église s’explique par le fait que Dieppe se trouvait sur la route des pèlerins se rendant à Compostelle. Un bon chemin, le bon sens, une nef … c’est vous qui voyez.
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